22.10.2019 – Lucil B.
#Témoignage Clarisse est arrivée au Québec en octobre 2018, à Gatineau plus précisément pour rejoindre un organisme communautaire unique en son genre : le dépanneur Sylvestre. Le but de sa mission était l’accueil des publics au sein de l’organisme et d’appuyer les responsables, qui ont la particularité de n’être que des bénévoles !
J’ai décidé de tenter l’expérience du Service Civique car je n’étais pas prête à rentrer sur le marché du travail. J’avais 22 ans, j’étais sur le point de passer ma soutenance de mémoire et de valider mon Master en Relations Internationales, mais je voulais me donner le temps de réfléchir encore à mon avenir, et de m’engager sur un projet qui aurait du sens, tout en m’ouvrant au monde et en combattant mon anxiété sociale.
J’ai choisi d’aller au dépanneur Sylvestre car je savais que, là-bas, je serais en contact avec toutes sortes de personnes, venant d’horizons diamétralement opposés, et que je n’aurais pas d’autres choix que de me mêler à eux. Je voulais avoir l’opportunité de grandir, et le Dep (comme on dit chez nous) m’apparaissait comme le meilleur endroit pour cela.
Très vite, mes activités au sein du Dep se sont multipliées. En plus d’accueillir les publics lors des repas communautaires et autres activités culturelles, j’ai aidé à la coordination des activités et des bénévoles. Les responsables du Dep ont su me faire confiance, et n’ont pas hésité à m’apprendre toutes sortes de choses qui me seront, j’en suis sûre, utiles plus tard dans ma vie professionnelle.
Mais ce qui aura été le plus marquant, durant cette mission d’un an, est sans conteste mon immersion 100% québécoise. Au Dep, je n’ai rencontré pour ainsi dire que des québécois, qui m’ont fait découvrir leur culture. Mais, surtout, j’ai emménagé chez un couple de québécois qui, en plus de m’accueillir dans leur maison, m’ont accueillie dans leur famille.
Et, à partir de là, j’ai pu vivre la vie québécoise comme l’une d’entre eux.
Avant d’emménager dans la maison où je suis toujours, j’habitais une colocation proche de mon lieu de travail, avec un autre volontaire français notamment. Je connaissais à peine les deux québécois qui allaient m’accueillir (Nadia et Daniel) et, surtout, je ne comprenais pas un traître mot de ce que Daniel me racontait à l’époque.
Il avait cet accent québécois bien trop prononcé, celui qui vous fait ouvrir deux grands yeux ronds à chaque mot prononcé, et qui vous plonge dans l’incompréhension la plus totale. Je me suis retrouvée à l’éviter et, chaque fois qu’il passait la porte du Dep, je courrais me cacher dans le bureau. Je me suis confiée à Nadia, sa femme, en lui faisant promettre de ne rien dire.
Et elle a tenu parole!
Sauf que voilà, le cours des choses a fait que j’ai dû quitter la colocation à la fin février. Il a fallu retrouver un logement… Et Nadia et Daniel m’ont proposé d’emménager chez eux. J’ai dit oui sans vraiment savoir pourquoi, alors même que je ne comprenais toujours pas mon « futur coloc ».
Très vite, une routine s’est installée entre nous. J’ai découvert ce que cela voulait dire, de vivre réellement à la québécoise. J’ai regardé aller mes colocs dans leur vie quotidienne, je leur ai fait part de ce que je trouvais étrange par rapport à la France et, surtout, j’ai eu le droit à des cours intensifs de québécois dont la première étape a consisté à m’enlever cette maudite manie que nous avons, nous autres, de placer des « du coup » à tout bout de champ…
Bon et j’ai fini par avouer à Daniel que j’avais de la misère (comme on dit au Québec) à la comprendre. Ça les a bien fait rire tous les deux…. Mais l’avantage c’est que, désormais, je suis parée à comprendre n’importe quel autre québécois. J’ai passé mon baptême du feu avec lui…
Mon immersion a été parfaite avec l’été. Ma mère est venue me rendre visite et disait en rigolant qu’elle ne me comprenait plus. Daniel faisait des efforts monstres pour articuler correctement en sa présence, et restait dépité d’entendre les « du coup » de ma maman. Nous l’avons emmenée camper avec la roulotte, lui faisant ainsi découvrir la passion des québécois pour le camping…
Et puis il y a eu, de mon côté, toutes sortes d’expériences 100% québécoises. Les nombreuses sorties au chalet familial, les baignades dans le lac, les virées en bateau sur la Rivière du Lièvre et sur celle des Outaouais, les tours de ponton et autres canots. Les québécois accordent beaucoup d’importance aux loisirs et au plein-air, et je l’ai découvert en grimpant dans toutes sortes d’embarcations.
Je me suis liée d’amitié avec des québécois de 5 à 71 ans. Et, par la même occasion, j’ai complètement oublié à quoi ressemblait un français. Ma vie est désormais faite de « tabarnak » et autres « là là t’sais ». De pâtés chinois et de poutines. D’initiations à la pêche, de balades dans la nature, de soirées autour d’un feu de camp.
Au point que je ne veuille plus partir, car ce mode de vie à la québécoise est comme mon idéal. C’est pour cela que j’ai tenté ma chance pour obtenir mon PVT et que, le précieux sésame désormais en poche, je prévois de revenir quelques semaines après la fin de ma mission pour m’installer plus durablement à Gatineau.
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