En cette Journée internationale du droit des femmes, Aurélie Bresson, créatrice du magazine Les Sportives et ancienne participante de l’OFQJ, revient pour nous sur son engagement au service des athlètes féminines et au sein de la Fondation Alice Milliat, et son parcours de jeune femme entrepreneure militante.
Aurélie, ancienne sportive et plus récemment femme entrepreneure, tu es la créatrice du magazine Les Sportives. Pourquoi avoir créé un média dédié aux femmes dans le sport ?
Je me qualifie généralement de sportive de passion et de convictions. J’aime ce que procure le sport à travers son impact social et sociétal. Je n’ai jamais vraiment été une sportive de performance.
J’ai créé le média Les Sportives en 2016 en partant du constat que les femmes étaient sous représentées et mal représentées dans les médias sportifs. Et au-delà même, plus globalement, dans les médias féminins et l’ensemble des médias.
En 2016, Les Sportives a vu le jour comme le premier magazine print de sport féminin en France. Depuis c’est devenu un média à part entière. Voir même bien plus qu’un média, un état d’esprit et une communauté en faveur de l’égalité dans le sport. Une marque à part entière.
À la genèse de ce projet, il y a l’observation des sportives autour de moi. C’était en 2007, lors de mes études en BAC+2 en communication., je suis partie du principe qu’on a tous et toutes une sportive autour de nous et dans le même temps, en tant que rat des kiosques (au lieu de rat de bibliothèque *rires*), les médias me fascinaient. L’écriture me fascine, les histoires, l’humain ! Et qu’une sportive, même une femme dans le sport, fasse autant de sacrifices, sans obtenir la reconnaissance médiatique, ça m’a mise hors de moi.
Ce lundi 8 mars nous célébrons la Journée internationale des femmes. Peux-tu nous dire ce que cela signifie pour toi et nous dire quelques mots sur ton engagement pour le droit des femmes ?
Le 8 mars doit être et doit rester le jour où nous célébrons nos droits. Les droits que les femmes n’ont pas toujours eu. Ce jour n’est pas là pour célébrer la femme, on ne célèbre pas le genre humain. Mais ses droits. C’est important de rappeler que la femme n’a pas toujours eu le droit de vote, de s’habiller comme elle le veut, de travailler, et même de faire du sport !
Quand certaines femmes ou hommes disent que cette journée ne devrait pas exister, ça me révolte ! Il ne faut pas oublier que des femmes se sont battues pour avoir les droits et les libertés que nous avons aujourd’hui. Et que rien n’est gagné car à tout moment nos droits et nos libertés peuvent être bafoués. Dans certains pays, c’est le cas.
Ce 8 mars 2021 a une saveur toute particulière pour moi. Il marquera pour toujours mon engagement en faveur des femmes dans le sport. Pourquoi ? Car une œuvre d’art à l’effigie d’Alice Milliat sera érigée. Alice Milliat est au sport féminin ce que le Baron de Coubertin est au mouvement olympique. Elle est la grande pionnière des femmes dirigeantes sportives en France. Elle a milité pour la participation des femmes aux Jeux Olympiques, et devant le refus du CIO, elle a décidé d’organiser des compétitions féminines, nationales d’abord (championnat de France de football féminin par exemple) puis internationales (meeting de Monte-Carlo en 1921, suivi de la première édition des Jeux mondiaux Féminins à Paris en 1922).
Il a fallu attendre 100 ans après pour qu’elle soit reconnue et honorée. Et je suis particulièrement fière ce 8 mars 2021, en tant que Présidente de la Fondation Alice Milliat, première fondation Européenne du Sport féminin, de vivre et dévoiler cet instant aux côtés de Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, Roxana Maracineanu, Ministre déléguée chargée des sports, Denis Masseglia, président du CNOSF, et Tony Estanguet, président de Paris 2024. C’est un jour important de commémoration, mais surtout de reconnaissance de la femme sportive et de sa place au sein de la Maison du Sport Français, du mouvement sportif et de la société. C’est un message fort qui est envoyé : l’égalité dans la société a pris un tournant.
Dans ton monde idéal, ça ressemblerait à quoi le sport 100% égalitaire entre les femmes et les hommes ?
Franchement, une égalité à 100% je ne le souhaite pas, je n’en suis pas vraiment à l’aise. Bien sûr, il faut que les êtres humains aient les mêmes droits, à égalité, puisque nous parlons de droits en cette journée du 8 mars. Mais ce qui compte pour moi c’est une certaine équité. Le jour où nous parlerons de savoir-faire et de savoir-être et non de genre, on aura tout gagné.
En 2019, tu as participé à deux grands événements entrepreneuriaux francophones avec l’OFQJ. Comment ces expériences ont- elles eu une influence dans ton parcours professionnel et/ou personnel ?
Je garde un profond et véritable bon souvenir de mes participations aux événements entrepreneuriaux francophones avec l’OFQJ. Au delà de l’organisation exceptionnelle et des rencontres indéfectibles, ce furent des moments importants de prise de conscience et d’apprentissage pour moi.
Être jeune et entrepreneure, ce n’est jamais évident. Homme comme femme d’ailleurs. Ces évènements ont permis de tisser une toile d’araignée entre les pays, au-delà des frontières, et nous montrer qu’on est pas seuls. Qu’on est tous égaux face à l’entrepreneuriat et que malgré les différences de secteurs d’activités il est important de s’entraider et que des connexions sont toujours possibles. Tout le monde ne peut pas s’improviser entrepreneur. Et de retrouver des personnes qui ont les mêmes problématiques dans des secteurs d’activités et des cultures de pays différents, ce fut tellement nourrissant !
J’ai également énormément appris personnellement dans la mesure où j’ai appris à pitcher, à argumenter, à voir les choses sous d’autres angles. Et surtout de croire en mes convictions et en mes projets. Ce n’est pas croire en moi dont il était question, mais avoir foi en son projet et ses valeurs. Essayer toutes les portes, toutes les possibilités, parfois avec difficultés, ou avec réussites, mais que l’échec n’est jamais une fin en soit. Et que l’échec nourrit les réussites. Et ça ce n’est pas une culture française, mais une culture francophone. Je m’en suis tellement renforcée, et puissante.
2020 a marqué un grand tournant mondial avec l’apparition de la pandémie mondiale, avec un vrai impact pour les jeunes et les femmes. Comment cela a pu influencer Les Sportives ?
Cela fut difficile pour le média Les Sportives. En effet l’air du numérique impacte déjà considérablement la manière de s’informer au quotidien, et met de côté le papier. Il a fallu se réinventer et accélérer notre développement digital. Entre les fermetures des kiosques, les délais de livraisons, l’annulation des évènements sportifs, etc. Pourtant l’enjeu social et sociétal de notre média a fait la différence et nous sommes encore là aujourd’hui. En 2020 nous n’avons perdu que 10% de notre chiffre d’affaires. Et j’en suis vraiment fière. Plus de 5 ans déjà que Les Sportives tient debout. J’ai la chance d’avoir une équipe et des partenaires formidables.
Il est évident que la pandémie mondiale nous a fait changer de fusil d’épaule, mais c’est une vraie opportunité pour se réinviter, mieux se structurer, et réaliser un travail de fond conjoncturel.
Selon toi, comment l’OFQJ pourrait aider les jeunes femmes, étudiantes, professionnelles, entrepreneures, dans ce contexte ?
L’OFQJ doit permettre aux jeunes et aux femmes entrepreneures, de continuer à rêver, de continuer à construire un avenir dans lequel tout reste possible. L’OFQJ ouvre les frontières et les cultures, propose de réelles opportunités de changer de pays, de se former, de découvrir de nouveaux métiers, de nouvelles carrières et d’entreprendre. L’OFQJ pour moi c’est l’ouverture du champ des possibles. Avec l’OFQJ j’ai ouvert mon champ de vision sur la vie, sur mes projets. L’OFQJ peut aider ces jeunes, dans ce contexte, en leur permettant de garder foi sur le fait que rien n’est impossible. Si certaines portes sont verrouillées, il y en a toujours d’autres par lesquelles passer.
Pour conclure, quel serait pour toi le mot qui définirait le mieux pour toi l’OFQJ ?
Je pense avoir répondu quelques lignes plus haut (rires). L’OFQJ est pour moi une ouverture sur le monde. Bien plus qu’un facilitateur de mobilité, l’OFQJ est pour moi un levier de confiance pour les jeunes.