L’association Le Fourneau, lauréate de l’appel à projets Odyssart présente son projet de création et diffusion d’un album de chansons à textes franco-canadien. Pour cet album, le Fourneau a fait appel à un artiste lyonnais, Cyrious, aux textes francophones engagés, et à une équipe d’auteurs et autrices québécois.
La création d’un album
Le projet s’est déroulé en plusieurs parties, avec une phase de création, composition, écriture et enregistrement de l’album à Montréal, en mars 2023. En parallèle, profitant des périodes de mixages, l’équipe a également tourné les images qui seront utilisées pour les deux premiers clips. L’objectif de ce projet étant de produire un album aux textes francophones, écrits en majorité par un auteur d’origine française et martiniquaise et par des auteurs et autrices québécois, composé par des musiciens français et québécois, et très empreint par le territoire québécois
Revenue en France fin avril, l’équipe a diffusé le 14 juin, le premier titre et clip de ce nouvel album : Everyday.
Une nouvelle mobilité a eu lieu au Québec de fin août à début octobre avec l’ensemble des acteurs, pour finaliser l’album, la promotion, le tournage et la captation de clip audio-visuel accompagnant la sortie de l’album ainsi que la réalisation d’actions culturelles. Un second clip, Piège, a également été présenté en amont de la sortie officielle de l’album, le 6 octobre 2023.
Questions à Cyrious
Comment a germé l’idée du projet ?
L’idée du projet a commencé à germer au retour de ma première mobilité au Canada dans le cadre du projet « Latitude 45 ». Ce projet réunissait sur un album des artistes lyonnais et montréalais.
À la suite de la préparation de ma trilogie d’EP, j’ai eu très vite envie de sortir un projet plus gros et significatif qui s’est traduit pour moi par un album. Pour un auteur-compositeur la sortie du premier album est une étape déterminante. Mon premier voyage au Canada a été très inspirant, j’ai apprécié l’état d’esprit des montréalais et leur appétence pour la collaboration, il se dégage de Montréal une véritable effervescence culturelle et la première flamme s’est installée à ce moment-là. L’enregistrement d’un album est une phase tellement importante qu’il est très commun de s’isoler pendant ce temps-là et de s’abstraire de son quotidien, j’avais déjà dès lors cette envie de le faire ailleurs.
De plus, sur l’album, il était hors de question pour moi de créer un album tout seul dans mon coin, le collectif est essentiel et c’est beaucoup plus intéressant que plusieurs univers artistiques puissent se mêler dans un projet. J’avais commencé à nouer des liens avec des équipes là-bas au studio Indica et quand je les ai sollicités pour savoir si c’était possible d’enregistrer l’album là-bas, ils ont montré tant d’enthousiasme que la machine était en route et avec toute mon équipe nous nous sommes donnés pour objectif d’aller enregistrer sur place. Toutes mes paroles sont écrites en français et je souhaitais par conséquent que les artistes avec lesquels collaborer chantent également en français. Et je trouvais cela vraiment original de partager avec des artistes qui habitent à l’autre bout du monde, sur un autre fuseau horaire, avec une culture différente de la nôtre, mais avec une base commune, celle de la langue.
Quel accueil les québécois donnent-ils à ce projet ? Comment se déroule la collaboration ?
Les québécois ont été enchantés du projet et de notre collaboration. Avec le compositeur Koyo, nous avons beaucoup échangé sur les influences et les sonorités que je voulais donner aux productions. Gauthier, du label Indica, s’est montré hyper partant pour nous accompagner dans la diffusion du projet sur Montréal et auprès de la presse et a permis la collaboration avec un artiste signé dans leur label : David Campana. Après beaucoup d’échanges en amont, nous avons prévu des sessions d’écriture, de composition et d’enregistrement au studio Indica Records.
Thaïs a été également sollicitée pour co-écrire une chanson de l’album et enregistrer. Cette collaboration s’est faite grâce à Joéva et Ludovic, qui ont pu rencontrer son manager chez « Bravo », le label de Cœur de Pirate. Ils ont géré la partie administrative et les perspectives de diffusion pour ce titre.
Nous avons beaucoup échangé avec Thaïs en amont de la mobilité sur ce que l’on souhaitait écrire, et nous avons pris le temps de nous rencontrer, d’échanger sur nos univers musicaux respectifs et nous avons entamé une session d’écriture commune. Nous avons ensuite peaufiné le morceau chacun de notre côté, avant de nous retrouver pour la mise en voix et l’enregistrement. C’est vraiment très formateur de comparer nos techniques d’écritures, nos méthodes pour aller chercher l’inspiration et les meilleures mélodies.
Nous étions à la recherche d’une chorale pour des cœurs sur une chanson et Joéva a trouvé une chorale multiculturelle montréalaise qui a été enchantée de participer au projet.
Grâce à l’ensemble de ces collaborations, Ludovic, en charge de la diffusion du spectacle de l’album, a réussi à programmer le projet en première-partie d’artiste canadien « Clay and and Friends » à Paris à la Boule-Noire et nous sommes en train de finaliser l’organisation d’une tournée canadienne pour février 2024.
La chanson en français, est-ce quelque chose qui est important pour toi et tes co-auteurs ?
Le français est vraiment quelque chose d’important pour moi. Il s’agit de ma langue maternelle, donc nécessairement celle où je m’exprime le mieux et où je vais pouvoir le plus justement faire part de mes ressentis. Dans le milieu musical, l’anglophone reste majoritaire et il me semble réellement important de réussir à conserver notre exception culturelle française, d’autant qu’il existe dans le monde un large public francophone à conquérir, et ce, sur tous les continents.
La langue française est tellement riche en lexique et en images, c’est mon terrain de jeu favori. Le français dispose d’un rayonnement culturel qui est sous-estimé, mais je me rends bien compte que quand mes chansons sont intégrées à des playlists elles le sont dans beaucoup de pays et pas uniquement la France. Il me semble, en tant qu’artiste, que nous avons également un devoir de faire perdurer la langue française.
Pour mes co-auteurs c’est la même chose, ils écrivent en français tandis qu’ils sont totalement bilingues, l’enjeu de la préservation de la langue est encore plus prépondérant au Québec et notamment à Montréal où l’on entend presque plus parler anglais. Ils m’ont expliqué qu’il s’agit aussi d’une lutte contre une forme d’uniformisation culturelle où l’anglais primerait. Même s’il est évident que les artistes qui font ce choix se coupent nécessairement d’une partie d’auditeurs potentiels, cela reste une démarche et un choix parfaitement assumé.
Quelles perspectives pour ce projet après l’album ?
Une fois l’album sorti, nous prévoyons une deuxième mobilité au Canada pour une mini-tournée, un temps de promotion de l’album auprès de la presse du territoire et une proposition de mise en place d’ateliers culturels (ateliers d’écriture, de mise en voix).
Nous allons également nous rendre au festival Phoque-off et leurs vitrines afin de rencontrer les professionnels de l’industrie québécoise pour programmer d’autres dates. De plus, si cet album rencontre un certain succès, nous aimerions beaucoup sortir une réédition avec de nouveaux titres bonus qui ont été enregistrés lors de notre première mobilité. Pour cette réédition, nous aimerions vraiment pouvoir la sortir sur vinyle.
Enfin, nous allons défendre ce projet sur scène pendant au moins un an après la sortie de l’album et nous l’espérons sur les scènes de grands festivals à l’été 2024.
Évidemment, nous allons continuer d’échanger avec toutes les personnes avec qui nous avons collaboré au Québec, et personnellement, je ferai tout afin de pouvoir à nouveau créer des œuvres entre le Québec et la France dans les années à venir. En soi, je pense que c’était un très gros début, mais que je vais continuer aussi longtemps que possible sur ce chemin d’échanges et de collaborations avec mes consœurs et confrères artistes québécois.