Innovation sociale en francophonie et égalité professionnelle

8 mars 2022 – Peut-on allier égalité femmes-hommes, innovation et numérique ? A l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, l’OFQJ se penche à nouveau sur le sujet de l’égalité professionnelle en francophonie, en vous proposant de réécouter la table ronde “Égalité professionnelle » du 21 octobre dernier. À l’occasion des Deuxièmes Rencontres francophones de l’égalité professionnelle, rassemblant 70 porteurs de projets de l’innovation sociale en présentiel et en virtuel, une table-ronde introduite par Delphine O, Ambassadrice française et Secrétaire générale de la Conférence mondiale de l’ONU sur les femmes était organisée. 

L’égalité des sexes est le principe selon lequel les femmes et les hommes doivent recevoir un traitement égal et ne doivent pas être victime de discriminations basées sur leur appartenance à l’un ou à l’autre genre. 

C’est l’un objectif de la déclaration universelle des droits humains, et l’objectif de développement durable n°5 de l’ONU, rappelle en préambule Sébastien Poulet-Goffard, co-fondateur de la Compagnie générale des autres, et animateur de la table-ronde. 

Delphine O est Ambassadrice française et Secrétaire générale de la Conférence mondiale de l’ONU sur les femmes. Elle intervient en ouverture des Rencontres pour présenter le champ de l’innovation sociale dans l’égalité professionnelle. 

Son intervention aborde trois points fondamentaux, préalables à la table-ronde sur l’égalité professionnelle : 

• Les inégalités au sens large, mondiales et historiques, dont les avancées ont été freinées par la crise sanitaire de la Covid-19. Les calculs du Forum économique mondial de Davos avant la crise estimaient à 100 ans, le délai avant d’atteindre une véritable égalité entre les hommes et les femmes dans le monde. Les deux années de crise sanitaire nous ont fait perdre 36 années supplémentaires. 
• Les inégalités professionnelles en France, avec une moyenne de 25% d’écart de salaire, tous hommes et femmes confondus, qui varient en fonction des situations : à compétences et expérience égale, l’écart est de 9%. Au sein des couples hétérosexuels, cet écart se creuse à 42%. 
• L’impact important de la crise covid sur les populations : 11 millions de filles qui allaient à l’école risquent de ne plus y retourner, témoignant d’un gros recul sur la scolarisation des jeunes filles dans le monde. 240 millions de femmes supplémentaires vont tomber sous le seuil de pauvreté. 12 millions de femmes n’ont pas eu accès à la contraception de leur choix. 

Madame O a présenté le travail de l’ONU Femmes et le Forum Génération Egalité, co-présidé par la France et le Mexique, à Mexico en mars et à Paris du 30 juin au 2 juillet 2021. L’objectif : mobiliser les gouvernements partout dans le monde, et obtenir des engagements concrets, financiers ou législatifs, en faveur des droits des femmes.  

Joséphine Py est cheffe de projet à Empow’her, association fondée en France en 2013 et implantée dans 4 autres pays : Niger, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ethiopie. Elle revient sur les différents freins qui pèsent sur les femmes qui entreprennent et contre lesquels lutte Empow’her : difficultés d’accès au financement et aux réseaux, embûches juridiques et législatives mais aussi freins internes liés au manque de légitimité, auto-censure, peur de se lancer ou manque de confiance en soi. 

Elle indique notamment qu’en France il n’y a que 33% de femmes entrepreneures. Un recours à l’entrepreneuriat relativement faible comparé aux pays en voie de développement, où les femmes n’ont pas accès au marché de l’économie formelle et se lancent donc beaucoup plus dans l’entrepreneuriat sous la forme de petit artisanat ou d’agriculture, pour avoir accès à une activité de subsistance.  

Empow’her produit du contenu méthodologique sur ces sujets et propose un accompagnement à la fois technique et social. L’accompagnement repose sur 3 piliers d’actions : 

• Accompagner les entrepreneuses en fonction du niveau de maturité du projet 
• Animer des communautés d’entrepreneuses 
• Sensibiliser le grand public pour mettre en avant des parcours de femmes inspirant 

Emmanuelle Larroque est fondatrice de Social Builder, qui vise à accompagner les femmes dans les carrières technologiques, alors que seulement 27,9% des salariés du secteur sont des femmes. 

On estime que d’ici 2035, environ 85% des emplois actuels devraient soit émerger, soit se transformer, soit disparaître, tous les professionnels étant confrontés à l’obsolescence des compétences. Une transformation profonde des usages de la société, tournée vers la technologie et le numérique, alors que les femmes sont très peu présentes dans les parcours de formation qui accèdent à ces métiers techniques. Des femmes qui sont principalement utilisatrices mais n’ont pas ou peu accès au numérique. Social Builder agit donc pour embarquer les femmes dans cette transformation. Sur les 80 000 postes techniques numériques actuellement ouverts en France (développement, programmation, interfaces), seuls 16% sont attribués à des femmes. 

Une intervention passionnante qui revient sur l’histoire des métiers de l’informatique, qui illustre la dynamique selon laquelle lorsqu’un métier se masculinise, il devient plus important et plus cher sur le marché du travail, alors que lorsqu’un métier se féminise, il est dévalorisé sur le marché du travail. Un constat qui n’est pas le même partout, comme par exemple en Asie du Sud Est, en Malaisie, où le métier d’informaticien est encore très féminisé. Certaines qualités lui étant associées comme féminines, comme la méticulosité, la régularité, l’attention au détail… 

Quitterie De Villepin est contributrice des Investies, un collectif qui s’interroge sur la présence des femmes dans le champ politique, et souhaite mettre en lumière les freins à l’engagement des femmes en politique et les actions à mettre en œuvre pour les dépasser. Une vingtaine de femmes engagées se retrouvent ainsi pour échanger leurs expériences, créer un maillage pérenne et accompagner les femmes qui franchissent le pas de s’investir en politique. 

A travers un parcours d’entrainement à la pratique politique, le collectif Investies se focalise sur la notion de transmission et de réseau, qui manque actuellement aux femmes engagées dans la vie politique.  

Ouvrages et applications recommandées par nos intervenantes 

• Le genre du capital, de Céline Bessière et Sibylle Gollac 
• L’application App’Elles, La 1ère application française solidaire des femmes victimes de violences  
• La loi Copé-Zimmermann, sur l’égalité professionnelle 
• Adabot, le chatbot d’orientation dans le numérique  

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